Banc d'Essai SOUNDREBELS
Date de parution : Mars 2023
Diffuseur : Soundrebels
Pays : Pologne
Objet du test : Extraudio Préamplificateur XP5 et
Amplificateur de Puissance XP-A1500
Chroniqueur : Jacek Pazio et Marcin Olszewski
Opinion 1
Bien que l'année en cours (pour mémoire, nous sommes en 2023) n'ait pas encore pris son plein essor, tous les signes dans le ciel et sur terre montrent que nous ne nous ennuierons pas et qu’il y a des chances pour que nous nous plaignions, comme d’usage, de toujours faire la même chose. Pourquoi une telle assertion de ma part ? Eh bien, nous venons juste de recevoir le duo de Tone Winner et nous attendons également un combo complet de Lindenmann. Et ce n’est pas tout ; beaucoup d’autres engins intrigants dont je ne parlerai pas ici avec vous pour le moment attendent leur tour. En général, en plus des acteurs bien connus sur le marché, nous aurons des nouveaux venus, qui veulent obtenir leur part du gâteau audiophile et qui ont faim de succès. C'est ainsi que nous en sommes arrivés aux héros de notre test d'aujourd'hui, le préamplificateur XP5 et l'amplificateur de puissance XP-A1500, fabriqués par une société qui fait ses débuts sur notre marché, la néerlandaise Extraudio, représentée en Pologne par Quality Audio basée à Chełmża, un distributeur que nous connaissons déjà grâce à la chronique des enceintes Peak Consult El Diablo.
Comme brève introduction, je mentionnerai simplement que les deux éléments orange (nous nous concentrerons sur la couleur dans un instant), sont fabriqués en conçus par une entreprise se qualifiant en tant que marque "boutique". Les appareils ici en test proviennent de la série Origin, haut de gamme de la marque, en dessous de laquelle se trouve également la série Discovery. Les deux gammes étant plutôt réduites et comprennent chaque une : un DAC, un amplificateur intégré, un préamplificateur et un amplificateur de puissance stéréo. Dans le portefeuille néerlandais, nous pouvons également trouver des câbles propriétaires, ainsi que des supports minimalistes et un module de préamplificateur MM/MC en option, pouvant être installé à l'intérieur des préamplificateurs et des amplificateurs intégrés.
Comme vous pouvez le voir sur les photos, en ce qui concerne l’effet boutique et grâce à la générosité et à l'efficacité de Quality Audio, nous avons reçu des appareils dans une couleur très attrayante et non dans les sempiternelles tonalités noires, silver, voire blanches. Non moins intéressant, il existe en plus du bi-color orange-silver revigorantes, une version en cuivre verni et protégé par de l'époxy disponible sur commande spéciale. Alors que les châssis densément perforés attirent notre regard, les plaques en aluminium massif de qualité aéronautique sont comme une oasis de minimalisme et d’apaisement dans un marché où originalité ne rime pas toujours avec beauté. Conformément aux normes actuelles, l'ampli de puissance voit ses fonctions limitées à un simple interrupteur d’allumage situé au centre de la plaque frontale et dont la forme reprend le logo de la marque s’apparentant à un biscuit, avec un halo bleu autour de lui lorsqu’il est allumé et orange lorsqu’éteint.
Pour ce qui est du préamplificateur, nous savons que parfois ces derniers proposent toute une panoplie de boutons en tous genres, de potentiomètres, de sélecteurs ou que s’ais-je encore comme type d’écrans. Pas ici ; le XP5 se limite à ceux nécessaires. À gauche, nous trouvons le sélecteur d'entrées chromé et à sa droite, son jumeau officiant en tant que potentiomètre de volume. Entre les deux jumeaux, six LEDs indiquant l'entrée active avec un interrupteur d'allumage identique à celui trouvé sur le XP-A1500 en dessous des LEDs et positionné au centre horizontal par rapport à la plaque frontale en aluminium massif d’une épaisseur de 20mm. L’analyse de la plaque arrière ne provoque pas non plus la moindre contreverse. Le préamplificateur dispose de quatre entrées ligne au format RCA et d'une seule paire de XLR. Il y a aussi un couple d’entrées RCA et XLR pour un processeur externe (bypass) HC et une pince de mise à la terre. Les sorties vers l’amplificateur de puissance sont au nombre de deux paires, à nouveau en RCA ou XLR. Viennent compléter tout ce beau monde, une paire de sorties trigger en mini-jack. Quant à l’amplificateur de puissance, ce dernier dispose également de bornes de haut-parleur simples mais d’excellente qualité de la série WBT NextGen™ ainsi que deux entrées trigger en mini-jack. Vient s’ajouter au préamplificateur une télécommande in-house chromée du plus bel effet, qui peut être chargée à l'aide d'un câble USB, non directionnelle et dont la portée est d’environ quatre-vingts mètres.
En se penchant sur la construction affichée, nous avons ici un exemple très intéressant où les technologies utilisées ne sont pas le but en soi sinon un moyen d'atteindre ces objectifs qui vont au-delà. C'est pourquoi le préamplificateur, travaillant en classe A, est basé autour d'un étage de gain qui utilise une paire de double triodes 6922. De plus, à l'entrée, nous avons un circuit d'atténuation des interférences, un autre pour la protection du tampon (buffer) et un dernier pour filtrer les interférences CA dont le but est de bloquer le bruit EMI et RFI. L'alimentation est également traitée avec une attention obsessionnelle ; elle utilise une alimentation électrique propriétaire haute tension, fortement filtrée, stabilisée et régulée, tandis que la section analogique est alimentée par un transformateur médical à noyau de quartz et silice sans oscillations. D'autre part, l'ampli de puissance fonctionne en classe AD. Cela signifie que le tampon d'entrée fonctionne en classe A, en utilisant des transistors bipolaires (BJT) et l'étage de sortie est composé de modules EPAM propes à la marque en classe D de 1500W, avec un courant maximal de 90A par canal. En raison de la taille et du poids très acceptables, l'alimentation de l'ampli n'est pas basée sur des transformateurs classiques, mais sur une alimentation à commutation, avec une puissance d'impulsion de 1500W.
Le XP-A1500 offrant une disposition double mono, c’est-à-dire, un module de 1500W par voie.
Passons au son ! Vous pourriez vous demander pourquoi vous auriez besoin de 1,5 kW par canal à la maison lorsque pour une écoute il nous suffit de deux enceintes et non d’une table de billard, voire un système de sonorisation de stade de foot. Ce qui nous vient à l’esprit d’emblée c’est que : "parce que nous le pouvons". Cela dit, s’il est vrai que dans le monde de la hifi ou de l’audio la quête principale est le son, tout audiophile vous le dira, il n’est pas moins vrai qu’un certain effet bling bling poudre aux yeux joue également un rôle non négligeable lors de la décision d’achat. Toutefois dans le monde du high-end l’impression esthétique et ses artefacts entrent pour peu en ligne de compte. Il s'avère que ces paramètres sont une chose, la réalité en étant une bien différente. Donc tant que l'impédance de nos enceintes est "acceptable", comme le dit le Dr Roland Gauder, et leur efficacité "suffisante", seule la synergie des composants individuels, quelle que soit leur provenance, leur couleur ou leur technologie, importe. Ce ne sont que des éléments qui se combinent pour former un projet cohérent et complet. Et certainement pas des déterminants venant imposer des spécificités technologiques ou autres auxquelles nous devrions nous conformer tel un acolyte orthodoxe se soumettant à la vérité dictée. Je dirais même que toutes sortes de détails techniques ne sont importantes que dans une situation où nos composants rechignent à trouver un terrain de bonne entente, voire, ce qui est très courant dans notre cas, de devoir remplir les tableaux de spécifications en dessous de nos textes, à côté de l'adresse du fabricant/distributeur ainsi que des prix. Pourquoi une telle déclaration venant de ma part ? Pour une raison très prosaïque. À l’écoute de ce duo, indépendamment de toute la technologie embarquée sensée le faire sonner de telle ou telle autre façon, l’important c’est que d’emblée il nous donne du plaisir en répondant dès le début à nos attentes. J’annonce également d’entrée de jeu que, vue la puissance dévastatrice affichée, beaucoup de lecteurs s’attendront à ce que la restitution offerte par le duo et la délicatesse dans le maniement du potard de volume soient extrêmes. Ces lecteurs seront déçus. En effet, à l’usage l’on ne ressent pas la puissance déclarée par le fabricant. C’est comme ça ! Comment percevoir ces 1500W à l'intérieur du XP-A1500. C’est comme si nous avions un Leben CS-300f à l’œuvre avec ses 15W.
La musique reproduite est ici présentée d'une manière inattendue, douce, calme et dense, sans aucun signe de nervosité sous-cutanée, ou de tendance à tendre les muscles ou à jouer de façon grandiloquente, comme à Hollywood, où les artistes sont des surhommes. Ici, c’est avec le silence. S'il vous plaît, ne m’interprétez pas mal ; la puissance est bien présente, en permanence, à portée de main, sur demande, immédiatement, mais seulement quand c'est nécessaire et quand le message le requière. Par exemple, sur "Jacob's Ladder" de Brad Mehldau, vous pourriez penser qu'après le morceau d'ouverture de l'album, la reprise de Rush "Maybe as his Skies Are Wide", les choses resteront encore agréables, éthérées et douces, et d'une certaine manière c'est le cas (comme dans une autre interprétation du classique - la suite "Heaven", tirée de Yes). Or, le regard jazzy sur les fascinations du leader avec ce rock progressif résulte en une restitution musicale dans laquelle votre cou pourra difficilement résister à la déchirure. Nous ne sommes plus ici parmi l'ensemble de chambre qui nous extasiait de délicatesse, il s'avère à présent que nous nous trouvons sur scène en présence de seize musiciens. Bien sûr, les parties solo du piano sont placées dans l'obscurité complète - l'ampli de puissance nous ravit par la noblesse de son comportement et le silence absolu dans les enceintes même lorsque le bouton de volume est tourné audacieusement. L'instrument roi affiche fièrement sa prépondérance et la place privilégiée qui lui est réservée dans toute sa grandeur. Aucun souci de ce côté-là. Cependant, elle n’est jamais accentuée pas plus qu’exagérée laissant, par là même, un rôle considérable sur scène aux autres instrumentistes. De manière intéressante, les clics et les pops apparaissant sur "(Entr'acte) Glam Perfume", ont été reproduits par l'Extraudio avec une telle fidélité que j'ai regardé mon système pour vérifier si au lieu du Lumin ce n’était pas mon Kuzma qui était à l’œuvre sans avoir eu à nettoyer le disque vinyle avec la brosse antistatique.
C'est ce qu'on appelle le réalisme. Aussi sur "Death, Where is Your Sting" d'Avatarium, le début est innocemment léger et concentré sur les parties vocales de l'incroyable Jennie-Ann Smith, ici aussi la micro-dynamique est suffisante, mais lorsque les guitares entrent et que l'arrangement devient plus dense, la réserve de puissance nous rappelle que caché ne veut pas dire inexistant, créant un mur de son très convaincant. Peut-être que ce n'est pas le même poids que celui de Leif Edling dans Candlemass (par exemple sur "Sweet Evil Sun"), mais même de tels sons rock, colorés par l'esthétique doom, permettent de mettre en évidence le jus caché dans les oranges néerlandaises. J'ai mentionné le dernier disque de Candlemass, pas que pour l’écoute à proprement parler. Mais plutôt pour jouer de la molette de volume et se rapprocher dangereusement de cette folie transmise par leurs dieux ("Les Dieux Scandinaves") nous entraînant dans l'abîme viking, plein d'obscurité, de gémissements des damnés et de désespoir omniprésent. À un niveau de décibels adéquat, l'effet est comparable à un voyage avec un dragster enflammé à travers les ruelles les plus sombres de l'enfer. Les riffs de guitare sauvagement piquants, la basse martelant vos entrailles et les voix rugueuses et physiologiques ajoutant à l'image même de la destruction. Non moins intéressant, « et malgré la calme stoïque mentionnée », la batterie et les percussions n'étaient pas épaissies, la caisse claire démontrant une fragilité appropriée secondée par une grosse caisse apportant le poids et la puissance requises. Or, plus j’écoutais le combo Extraudio à la maison et plus j’avais la sensation que quel que fusse le menu proposé, je retrouvais toujours la même signature sonore d’une marque modélisant le son au final. Je ne dis pas avec ça que tout type de musique est reproduite de la même manière mais j’y ai trouvé une certaine façon d’arrondir quelques bords avec une restitution légèrement stéréotypée style « Classe D analogique » sans que toute fois cela n’influe négativement sur la profondeur de la scène et son aération. Mais ce type de son semblaient être inscrit dans l’ADN de ce combo.
Ceci dit, il s'est avéré qu’en divorçant les deux époux il en est résulté que c’était Monsieur (ou Madame) XP-A1500 le responsable de cet ADN quelque peu rigide alors que le XP5, lui (ou elle) faisait étalage d’une reproduction cristalline et transparente en nous prouvant que sa fonction d’interface, se limitant à transmettre de l’information entre les différent éléments d’un système, est bien plus cruciale que ce que l’on peut imaginer dans la protection et le respect de l’intégrité du message transféré.
Mais revenons à la musique, car il est grand temps de faire face au taureau et, si possible, le prendre par les cornes. Cependant, la bête est farouche se métamorphosant en dix mille monstres différents se chevauchant les uns les autres à la vitesse de la lumière. Une véritable torture pour les systèmes haut de gamme les plus endurants et les oreilles les plus averties. Durant 39 courtes minutes le groupe Black Midi sur l’album « Hellfire » nous fait ici, avec la plus implacable des stupéfactions, un ouragan, que dis-je ; une tornade (faites votre choix), sonore se déclinant en jazz psychédélique, en métal, en bruit, en rock artistique, en classique contemporain, en punk et... oui, le flamenco ne pouvait manquer à un tel déferlement de fureur maîtrisée. C'est comme si Frank Zappa avait été coupé en petits morceaux, haché finement à la moulinette, enrichi en substances psychoactives super dopantes puis reconstitué. Une pure épopée musicale dans sa forme la plus pure mais d’un extrémisme vous plongeant dans vos derniers retranchements d’audiophile téméraire. Impossible de suivre les lignes mélodiques constamment brisées sans merci, où chaque morceau prend la forme de visions narcotiques lors d’un tour de montagnes russes. L’avalanche de richesse informative servie par les enceintes aurait facilement rempli trois albums au lieu d’un et plutôt court.
Et savez-vous ? Alors que d'habitude après avoir pris mon courage à deux mains pour me confronter à un tel excitant, j'ai besoin de me calmer pendant un moment afin de retoucher terre ferme, avec le couple Extraudio j’en redemandais davantage, l’envie de racheter un nouveau billet pour un nouveau tour de folie. Dans ce tour, tout était civilisé, structuré rendant le périple, peut-être, moins impitoyablement agressif. Mais quel voyage ! Et n’est-ce finalement pas plus avantageux pour les sens de l'auditeur. Bien sûr, lorsque j’ai installé mon ampli de puissance Bryston à la place du XP-A1500 en gardant le XP5 dans ma visite des montagnes de l’Oural, la transparence était bien là mais le côté impitoyable de la balade aussi, offrant une vraie image du panorama. Or, avouons-le-nous ! Supporter les trois quarts d’une telle vérité, est une aventure que seuls certains audiophiles, grands amateurs d'expériences sonores extrêmes ou des professionnels de studio d'enregistrement, peuvent endurer car le 4B³ a été conçu pour être utilisé également en studio, et quoi que l’on puisse dire au sujet de l'amplificateur de puissance Extraudio, il n’en demeure pas moins un lion de salon à part entière tout autant qu’un divan de relaxation pur et dur.
L’ensemble XP5 & XP-A1500 d’Extraudio est un combo absolument haut de gamme, loin du matériel d'analyse clinique du laboratoire le plus aseptisé. D’un autre côté, esthétiquement, il est en parfait accord avec le style préconisé par ses concepteurs.
À part ça, Il offre une puissance presque illimitée, une excellente ergonomie et un son agréable allant à l'encontre du stéréotype qui veut que ; « plus l’on monte en gamme, davantage l’on limite notre choix parmi l’offre musicale disponible ».
Marcin Olszewski
Matériel utilisé pour ce test :
– CD/DAC: Ayon CD-35 (Preamp + Signature) + Finite Elemente Cerabase compact.
– Network player: Lumin U2 Mini + Omicron Magic Dream Classic + I-O Data Soundgenic HDL-RA4TB.
– Digital source selector: Audio Authority 1177.
– Turntable: Kuzma Stabi S + Kuzma Stogi + Dynavector DV-10X5.
– Phonostage: Tellurium Q Iridium MM/MC Phono Pre Amp.
– Power amplifier: Bryston 4B³ + Graphite Audio IC-35 Isolation Cones.
– Loudspeakers: Dynaudio Contour 30 + Brass Spike Receptacle Acoustic Revive SPU-8+ Base. Audio Quartz platforms.
– IC RCA : Tellurium Q Silver Diamond.
– IC RCA :Organic Audio; Vermöuth Audio Reference; Acrolink 7N-A2070 Leggenda.
– Digital IC: Fadel art DigiLitz; Harmonic Technology Cyberlink Copper; Apogee Wyde Eye; Monster Cable Interlink LightSpeed 200.
– USB cables: Wireworld Starlight; Goldenote Firenze Silver; Fidata HFU2; Vermöuth Audio Reference.
– Speaker cables: Signal Projects Hydra; Vermöuth Audio Reference Loudspeaker Cable + SHUBI Custom Acoustic Stands MMS-1.
– Power cables: Furutech FP-3TS762 / FI-28R / FI-E38R; Organic Audio Power Furutech CF-080 Damping Ring; Acoustic Zen Gargantua II; Furutech Nanoflux Power NCF.
– Power distribution board: Furutech e-TP60ER + Furutech FP-3TS762 /
Fi-50 NCF(R) /FINCF(R).
– 50M– Wall power socket: Furutech FT-SWS(R).
– Anti-vibration platform: Franc Audio Accessories Wood Block Slim Platform.
– Switch: Silent Angel Bonn N8 + Silent Angel S28 + Silent Angel Forester F1 + Luna Cables Gris DC.
– Ethernet cables: Neyton CAT7+; Audiomica Anort Consequence + Artoc Ultra Reference + Arago Excellence; Furutech LAN-8 NCF.
– Table: Solid Tech Radius Duo 3.
– Acoustic panels: Vicoustic Flat Panels VMT
Opinion 2
Nous ne sommes pas sans savoir que le secteur de l’amplification hifi à transistors est actuellement divisé en trois catégories avec une domination incontestée des amplificateurs en classe AB, puis, bien moins nombreux mais en maintenant leur place ; la classe A. Finalement la classe D qui aspire à une place de choix sur ce panthéon. Bien sûr, chacune d'entre elles implique une approche différente de la reproduction musicale. Mais curieusement, les deux premières classes, peut-être en raison de leur longévité, ont leurs fervents admirateurs, tandis que la dernière arrivée, que l'on pourrait considérer comme avant-gardiste, lutte encore pour obtenir une diffusion se rapprochant au minimum de l’amplificateurs en classe A. Cette dernière étant perçue comme la voie royale de l'amplification sans que cela implique qu’elle devienne un objet de culte. Heureusement, cette lutte offre des avantages intéressants pour les audiophiles que nous sommes. Sans aller plus loin, un bon exemple étant le duo Extraudio objet de ce test. Ce combo pré-ampli/ampli de puissance très intrigant en termes de construction, distribué en Pologne par Quality Audio, conçu par la société néerlandaise Extraudio. Nous avons ici le préamplificateur de ligne XP5 en pure classe A avec sortie tubée ainsi qu’un amplificateur de puissance XP-A1500 en classe D avec, cependant, un étage d'entrée fonctionnant en classe A, monstrueusement puissant (1500W/8ohm).
Il est probable que cela soit évident non seulement pour moi mais aussi pour beaucoup d'entre vous, que l'ensemble que nous hébergeons actuellement a brisé la banque en termes d'apparence. Je pourrais même avouer, qu'en mettant de côté l’habituelle correction politique, je pense que dans ce domaine, il laisse derrière la plupart de la concurrence. En quelques mots, ce sont des boîtiers rectangulaires de taille moyenne, très esthétiques pour un équipement audio, aux bords arrondis. Les deux appareils partageant la même forme. D’apparence modeste à première vue mais excitants. Leurs panneaux avant et arrière sont fabriqués à partir d'épaisses plaques d'aluminium massif de qualité aéronautique, très résistantes et donc amortissant toutes les résonances indésirables tandis que les panneaux latéraux et supérieurs, abondamment perforés à l’effigie du logo de la marque en forme de biscuit alignés horizontalement sur la plaque supérieure permettent ainsi une circulation de l’air efficace. Ces plaques sont également vernies dans une juteuse couleur orange. Simplement sublime, phénoménal ou dans cette gamme d’objectifs. C’est beau et si diaboliquement explicite que bien qu’après avoir vu de mes yeux la version en cuivre poli, je ne suis pas personnellement convaincu que cette dernière soit au-dessus malgré le surplus à payer. En ce qui concerne le préamplificateur de ligne, à l'avant, vous avez un placement visuellement satisfaisant de deux boutons chromés sur les côtés de la façade, dont celui de gauche sélectionne l'entrée active, tandis que celui de droite officie en tant que potentiomètre de volume. Sur l'axe entre ces boutons, il y a une ligne de LED indiquant l'entrée, et en dessous, le bouton d'alimentation avec la forme de ce fameux biscuit, éclairé sur les bords en bleu. Le nom de la marque est gravé sous l’interrupteur d’allumage. La partie arrière du XP5 offre à l'utilisateur quatre entrées RCA, avec éventuellement un préampli phono intégré, une pince de mise à la terre, une entrée XLR, une sortie XLR et RCA et la même chose pour l’entrée processeur (bypass HC) ainsi que la prise d'alimentation. En passant à l'amplificateur de puissance entièrement symétrique, le XP-A1500, la connectique et les fonctions sont typiques et limitées compte tenu de sa fonction. Ainsi, à l'avant, nous avons juste un bouton de mise sous tension avec le nom de l'entreprise dessus, et à l'arrière, des entrées RCA et XLR et des bornes de haut-parleur WBT. Le tout est complété par une télécommande métallique, très pratique à utiliser, qui contrôle 4 fonctions principales du préamplificateur et est fournie avec ce dernier d’office.
À chaque fois qu’il se retrouve sur ma table des éléments hifi qui piquent mon intérêt, j'essaie de tirer au clair l’apport de chaque élément dans l’ensemble mais également de façon séparée de sorte à approfondir leur qualités combinées mais également celles spécifiques à chacun afin d’en tirer les conclusions finales les plus précises et honnêtes possibles lorsqu’arrive le moment de résumer mes impressions de la session de test. Or, je peux d’ores et déjà vous anticiper que dès les premières écoutes j’ai ressenti une grande joie en constatant que le combo Extraudio XP5 et XP-A1500 se marient brillamment. De part son énorme réserve de puissance l’amplificateur a non seulement maîtrisé mes grandes enceintes allemandes mais qui plus est, il y a injecté une énergie splendide, avec un contrôle agréablement pulsant à quoi venait s’ajouter une touche de grande plasticité. Avec un léger mais loin d’être moyen arrondi des bords sur certaines sources virtuelles d’une scène sonore large et profonde. Cependant ce léger arrondi a été entièrement compensé par une quantité d'impulsion dans la musique bluffante. Et lorsque nous imaginions devoir supporter quelques compromis mineurs de ce fait, le préamplificateur XP5 est venu à la rescousse. Pétillant, vital, avec beaucoup de swing dans la présentation et cette palpatibilité qui lui est propre absolument phénoménale. Certainement grâce à sa conception en pure classe A de haute volée. Ensemble, ils ont créé proposé une restitution musicale dont aucun système audio ne serait honteux, même le plus cher. Qu’étais-ce donc ? Cette combinaison de puissance apte à brillamment prendre en main les enceintes les amenant à une reproduction respectant toutes les caractéristiques de chaque type de musique ; passant de l'agression à une sorte de nostalgie de façon naturelle et adéquate.
Pour ce qui est du côté agressif devant être mis en avant lors d’une écoute, mon choix s’est porté sur le dernier disque d'Ozzy Osbourne "Patient Number 9". La qualité d’enregistrement de ce dernier est loin de faire l’unanimité. Malgré cela, la proposition qui nous est présentée par l'amplificateur de puissance faite de plasticité et de saturation ont œuvré à rendre cette partition plus conviviale. Or, le mariage avec le préamplificateur XP5 est venu ajouter une brise de fraîcheur et de transparence poussant la musique à gagner en volatilité et en ouverture tout en nous révélant par la même à quel niveau le l’enregistrement avait été massacré par la compression. D'une part, le son a gagné en noblesse mais d’un autre, il n’avait ni lissé ni obscurci sa vraie nature. Simplement dit : il est resté écoutable en évitant de plonger l’auditeur dans l’ennui, ou pire encore, dans le bourbier auquel il aurait normalement eu droit. Cette fois-ci, Ozzy et ses compères se sont beaucoup mieux sortis d’affaire grâce à la dose supplémentaire de saturation en offrant un spectacle désormais plus dense, mieux timbré en affichant une expressivité renouvelée de chaque note, précédemment enfouie dans cette folie.
Autre exemple non identique car dans ce cas la qualité d’enregistrement est à l’honneur, venant démontrer les atouts du duo Extraudio, est l’oeuvre des frères Oleś avec Christopher Dell "Górecki Ahead". Et il ne s'agit pas seulement de la meilleure reproduction de l'équilibre entre la quantité de son du corps de la contrebasse et la netteté de ses cordes pincées, ou de l'essence et de l'énergie de la grosse caisse jouée par les frères mentionnés mais également de la splendide décroissance d’un vibraphone juteux à souhait, rond et incroyablement vivant, suspendu dans l'éther à quoi vient s’ajouter la multi chromatique ainsi son étendue pour une restitution d’un niveau brillant, exactement comme je l'aime. J’avoue qu’après avoir écouté les deux éléments séparés, je ne m’attendais pas avec le combo à un tel niveau atteint. L'amplificateur de puissance seul ne serait pas, à mon avis, en mesure d’afficher un tel niveau de fraîcheur. Le préamplificateur, quant à lui, la saturation de cet instrument. Ce qui nous ramène exactement à mon introduction de cette chronique où je considérais que ces deux acolytes étaient façonnés l’un pour l’autre. Une combinaison de fluidité mais aussi de précision dans une même reproduction qui mérite sans le moindre doute de grands applaudissements à l’adresse de la marque.
Pour conclure ce test, il me faut souligner les forces et les éventuelles limites de cet ensemble préampli ampli de puissance en provenance des Pays-Bas et déterminer son éventuel public cible. En termes de points forts, ceux-ci incluent une liberté absolue dans la gestion même des enceintes les plus récalcitrantes, avec du poids bien équilibré, une bonne impulsion et une liberté dans le placement des sources palpables sur la scène virtuelle.
Mettre en lumière d’éventuelles faiblesses se trouve être, en revanche, une tâche bien plus ardue.
Je pourrais risquer l’argument qui consisterait à les utiliser de façon séparée,
comme il est d’usage courant chez la concurrence. Est-ce réellement un fait qui pourrait être perçu comme un inconvénient ? Sans ça, à mon avis, il n'y a pas de lacunes significatives.
Compte tenu de cette évaluation, où je situe le duo préampli-ampli de puissance Extraudio ? Franchement, je le vois s'intégrer partout, quel que soit le niveau du système dans lequel il viendrait prendre place. Il offre un son si universel qu'il devrait pouvoir gérer même les configurations les plus sophistiquées. Bien sûr, pour celui qui voudrait outrepasser significativement la ligne du bon goût, le choix alternatif ne manque pas. Cependant, même dans de tels cas, et la puissance offerte par l'ampli de puissance ainsi que l'ouverture du son présenté par le préampli sont des arguments qui suffiront à prouver à la personne que le fait d’être passé à côté de ce combo était une erreur. Et même dans le cas où le choix ne se sera porté que sur l’un des éléments, n’importe lequel des deux se révélera inestimable. Est-ce de l'utopie ? Absolument pas ! C'est plus que probable.
Jacek Pazio
Matériel utilisé pour ce test :
– transport: CEC TL 0 3.0.
– streamer: Melco N1A/2EX + switch Silent Angel Bonn N8.
– DAC: dCS Vivaldi DAC 2.0.
– Master clock: Mutec REF 10 SE-120.
– reclocker: Mutec MC-3+USB.
– Shunyata Research Omega Clock.
– Shunyata Sigma V2 NR.
– Preamplifier: Gryphon Audio Pandora.
– Power amplifier: Gryphon Audio Apex Stereo.
– Loudspeakers: Gauder Akustik Berlina RC-11 Black Edition.
– Speaker Cables: Synergistic Research Galileo SX SC,
IC RCA: Hijiri Million „Kiwami”, Vermouth Audio Reference
IC XLR: Tellurium Q Silver Diamond, Hijiri Milion „Kiwami”, Siltech Classic Legend 880i Digital IC: Hijiri HDG-X Milion.
Power cables: Hijiri Takumi Maestro, Furutech Project-V1, Furutech
NanoFlux NCF, Furutech DPS-4.1 + FI-E50 NCF(R)/ FI-50(R), Hijiri Nagomi, Vermouth Audio Reference.
Power Cord, Acrolink 8N-PC8100 Performante, Synergistic Research Galileo SX AC.
– Table: BASE AUDIO 2.
– Accessories.Harmonix TU 505EX MK II, Stillpoints ULTRASS, StillpointULTRAMINI,
antivibration platform by SOLID TECH, Harmonix AC Enacom Improved for 100-240V,
– Power distribution board: POWER BASE HIGH END Harmonix Room Tuning Mini Disk RFA-80i.
– Acoustic treatments by Artnovion.
– Analog stage:
Drive: Clearaudio Concept, Cartridge: Essence MC
Phonostage: Sensor 2 mk II
Polish distributor: Quality Audio
Manufacturer: Extraudio
Prix
Extraudio XP5 : 117 000 PLN
Extraudio XP-A1500 : 105 000 PLN
Specifications
Extraudio XP5
Imputs: 4 pairs RCA, pair XLR, pair RCA & XLR Processor
Outputs: pair RCA; pair XLR
Valves: 2 x 6922
Frequency Response: 10Hz – >250kHz +0dB;1Hz +0db – 1MHz -1dB
Maximun Volts input: 20V rms (XLR)/ 10V rms (RCA)
Maximun Volts Out:16V rms (XLR)/ 8V rms(RCA)
Total Harmonic Distortion:0.0027%
Signal To Noise Ratio:> -102dB
Dynamic range:> -102dB
Gain: 16db (XLR)/ 8db (RCA)
Input Impedance: 120kΩ (XLR)/ 60kΩ (RCA)
Power consuption: 20W; 0,5W standby
Dimensions (W x H x D): 44 x 12 x 40 cm
Weight: 18 kg
Extraudio XP-A1500
Inputs: pair RCA, pair XLR
Frequency response: 2Hz – 110kHz +0dB
Noise Floor: -160dB
Dynamic range: > 120dBA
THD+N (1kHz @ 1W): 0.003 %
Peak output current: 2 x 90A
Voltage Gain: 28dB
Damping Factor: >1000 (8 Ω, 1 kHz)
Ultra Output Power: 2 x 2400W @ 4Ω / 2 x 1500W @ 8Ω
Impedancja wejściowa: 7k2 Ω (XLR) / RCA SE 3K6 Ω (RCA)
Power consuption: 19W idle; 0.5W standby
Dimensions (W x H x D): 44 x 12 x 40 cm
Weight: 18 kg