COMPTE RENDU DE TESTS DAC
Après cinq années d’un cours accéléré dans le monde de la hifi et avec le recul que cela m’a amené, je commence à me demander si ce ne fut pas le passage de l’analogique au numérique qui en a ébranlé ma foi en la musique.
Au début, j’ai racheté une grande partie de ma collection vinyle en cd mais je n’ai jamais réussi à crocher. Ces petits boitiers en plastique ne m’attiraient pas. Je ressentais un manque d’attrait évident et j’ai petit à petit laissé tomber. La musique ne m’apportait plus les émotions fortes que j’avais ressenties durant mon adolescence et j’ai mis ça sur le compte de mon débarquement dans la vie d’adulte et du passage d’une belle galette vinyle à un bidule tout rikiki enserré dans un artefact à peine plus grand que la paume de ma main, tout plastique et prêt à se désintégrer en mille morceaux au moindre faux mouvement. Sans parler de cette minuscule pochette où tout était miniaturisé ; photos, texte, titres, etc., pour, finalement prendre plus de place sur mes étagères que de simples LP alignés les uns à côté des autres.
À présent, après avoir testé une bonne centaine de différents dac et lecteurs cd, et en constatant ma réaction face aux trois quarts de tout ce que j’ai écouté, c’est-à-dire une vive envie au bout d’un quart d’heure d’aller voir ailleurs si on ne m’y attendait pas pour une raison pour une autre.
Je me demande si tout simplement le format numérique n’est pas une énorme supercherie destinée à dégouter tous les mélomanes que nous fumes de la musique et des émotions qu’elle doit être à même d’engendrer. J’y vais un peu sec me direz-vous au risque de sombrer dans le conspiratif. Oui, je comprends mais j’ai vingt ans de banque privée derrière-moi et je peux assurer que certaines théories de la « conspiration » n’ont de farfelu que le fait d’être bien en dessous de la réalité.
Lorsque l’on écoute un bon dac moderne comparé à un excellent dac à l’ancienne, l’évidence ne se fait pas. En passant de l’un à l’autre et en se focalisant sur tel ou tel passage d’un morceau, rien de flagrant ne saute aux oreilles. Enfin si, les nouveaux dac étant bien plus démonstratifs : un peu plus de détail ici, une meilleure scène sonore là, plus d’impact dans le bas, plus d’articulation, etc. Mais tout ceci est une façon extrêmement traitre d’écouter de la musique ou d’évaluer un appareil par rapport à un autre. En passant de l’un à l’autre toutes les trente secondes l’on ne fait que comparer du son, voire du bruit mais rarement de la musique. C’est mon avis.
C’est lorsque l’on essaie de se laisser aller à une écoute avec une bonne heure devant soi, que l’on prend très vite conscience qu’il y a un bug quelque part. C’est en tout cas mon expérience et je pense que c’est loin d’être évident pour tout un chacun, notamment pour les personnes qui n’ont jamais eu la possibilité d’écouter autre chose que du numérique. C’est ainsi qu’ils ont connu la restitution musicale et leurs oreilles n’ont rien à objecter. Ce n’est donc pas un reproche. Pour la plupart, nous savons tous qu’une belle tranche de jambon cuit industriel, c’est du cochon. Et qui pourrait prétendre le contraire ?
Je pense qu’en revenant à la hifi de façon l’on ne peut plus innocente, mes oreilles étaient encore nostalgiques de la reproduction des années 80.
Je passais un dac après l’autre en tentant de trouver l’émerveillement annoncé par toute la clique des chroniqueurs à la une. J’ai joué à ce jeu pendant environ un an et demi jusque très tard dans la nuit et juste au moment où je me disposais à tout arrêter, convaincu que j’étais que mes oreilles avaient vieilli trop vite, en évitant de songer au reste, je suis tombé sur damoiseau… AMR DP-777.
Ah ! Mes oreilles commençaient enfin à larmoyer.
Que faisait donc cet appareil dont les autres n’en étaient capables ?
Certainement quelque chose qui pour moi se rapprochait de ma musique.
Enfin !
J’ai fini par aider la personne qui me l’a fait découvrir et qui était l’importateur pour certains pays
européens, dans les ventes en France où il n’y avait ni importateur ni revendeurs de la marque.
Mes amis hifistes l’ont tous adopté, sauf Mathieu qui disait, et dit toujours, qu’il ne faisait pas toutes les notes malgré sa magie dans le médium et dans le haut.
Certains ont remplacé du matériel très prisé au double et au triple du prix de l’AMR par ce dernier.
« Alors, comment se comporte ce dac par rapport à tel ou tel autre ? » Me questionnaient-ils.
« Aucune idée ! » Répondais-je.
J’étais incapable de bien traduire en termes audiophiles les caractéristiques de ce dac.
« Faut l’écouter », m’entendais-je leur annoncer.
Trop de détail tue le détail et la plupart des nuances qui font de la musique autre chose que du son.
C’est Monsieur DP-777 qui m’a amené à en prendre conscience.
LE CONVERTISSEUR (DAC)
Comme je l’ai écrit plus haut, je suis revenu à la hifi après une longue absence. Disons entre la fin des années 80 et quelque part durant 2012. J’avais entre temps utilisé comme tout le monde, des lecteurs cd puis tout un tas de bidules numériques, la plupart du temps au format mp3. Je ne savais pas ce qu’était qu’un dac, pas plus en réalité que le format numérique n’était qu’une suite de 0 et des 1 qu’il fallait transformer en son.
Je n’avais donc aucune idée, ni la moindre notion de la différence qu’il pouvait exister entre un format analogique et un format numérique et ma conviction était que le format numérique, cd donc, était bien plus qualitatif que n’importe lequel des supports analogiques qui faisaient tout un tas de bruits insupportables et n’étaient pas pratiques.
Des appareils d’un autre temps !
Je ne compte pas les longues nuits passées à fouiller le net pour essayer de me faire une idée sur le meilleur système dématérialisé, les meilleurs convertisseurs, les caractéristiques des diverses technologies de conversion et d’amplification et ainsi de suite.
Le pire ce fut que pour trouver une info valable il me fallait parfois avaler des centaines de pages de forums audiophiles à la mode où, dans la plupart des cas, tout le monde se cognait sans ménagement au bout de la 3ème page, la guerre était déclarée et le sujet de référence partait en mille morceaux. Et je ne parle pas de tout un tas de comptes rendus pro où la majorité des chroniqueurs mettaient en avant leur science plutôt que de s’en tenir à l’appareil testé. Pas tous évidement et j’en profite pour saluer les gens de Thesholdlovers, d’Audiophile Magazine ou par exemple de stéréophile pour leur façon d’aller droit au but sans tergiversations ni pinaillages. Enfin, nous connaissons tous ce parcours du combattant.
Pour ne pas ennuyer davantage l’hypothétique lecteur, je vais donc passer sur la description des différentes étapes de mon évolution en la matière.
Je dirais juste que j’étais sur le point de tout laisser tomber et de passer à autre chose lorsque j’ai fait la connaissance du dac AMR DP-777. J’avais fini par assumer que je n’étais plus capable de m’impliquer dans une écoute et de ressentir les émotions qui me chaviraient durant mon adolescence. Ce dac à tout changé. Au début, j’ai tout simplement assumé que ce dac était différent et pour moi meilleur que tout ce que j’avais écouté jusque-là. J’ai mis ça sur le fait que c’était un produit haut de gamme et cher, en tout cas pour moi qui jusqu’à ce moment n’avait rien écouté comme source sur mon système au-dessus des 2’500€.
Je pense que la puce de conversion compte énormément dans le rendu d’un convertisseur, dans le bon et dans le mauvais sens et en fonction des goûts de chacun. Ainsi que le type de technologie de conversion utilisé. Les anciennes puces R2R étant les plus adaptées au format cd et je reconnais que les formats HD ne m’ont jamais bouleversé mais cela évolue très vite.
Je ne vais pas m’étendre ici sur toutes les subtilités étant donné que dans les comptes rendus des différents dac, l’on pourra se faire une idée de mes conclusions.
Je vous expose donc mon système de notation.
Premièrement la notion de CONTACT. Je vais tenter de vous l’exposer mais je ne suis pas certain d’y parvenir. Cette notion est impossible à discerner lorsque l’on fait des comparaisons directes entre différents convertisseur. Je pense qu’il n’y a pas pire que les comparaisons directes pour passer à côté d’un dac et cela est vrai également pour le reste des éléments d’une chaîne. Lorsque l’on compare, l’on ne déguste pas.
Un excellent convertisseur étant pour moi celui qui offre un maximum de nuances sans sacrifier le détail et non le contraire. Ceci ne m’empêchant nullement de relever les qualités au-dessus de la moyenne de certains engins. Cas dans lesquels je le mentionnerai. Or, aucune machine de celles dont vous découvrirez mes notations à la suite, n’atteindra la note de 800 points si je ne me suis pas senti totalement impliqué dans l’écoute, quelles que soient ses autres multiples et incommensurables qualités.
Avant de passer à l’explication de mes critères de jugement, j’aimerais faire part de certaines constatations qui sont rarement mises en avant au sujet des convertisseurs:
Puce d’entrée
Je m’en explique dans le compte rendu du ALTMANN ATTRACTION dac. Je vous laisse donc vous y rendre. J’ajoute juste que le format spdif est un protocole criminel pour véhiculer le message numérique. Il a été amené au début du numérique me semble-t-il par Sony et Philips et, comme le VHS en vidéo, bien pire que le protocole BETA, ils ont réussi à nous l’imposer.
Il implique au système une double conversion. D’abord celle d’entrée, c’est-à-dire de transformer les 0 et les 1 lus par la tête laser d’un lecteur, au format spdif puis de véhiculer ce dernier jusqu’à la puce de conversion qui le transformera en son. Mais dans cette première conversion, une partie du message a déjà été dénaturé et la puce de conversion D/A part déjà avec un handicap.
De plus en plus de marques tentent d’offrir à côté du format spdif, une liaison I2S pour attaquer directement le dac. Les italiens ont ou avaient une longueur d’avance de ce côté-là. Ce type de liaison se fait normalement par connexion JR45, HDMI, USB et anciennement l’alternative était la fibre optique A&TT.
Sur échantillonnage.
Je suis convaincu que la plupart des fabricants de dac utilisent ce procédé dans l’unique but de pouvoir annoncer des mesures de leurs engins époustouflantes. Peu importe que ce procédé tergiverse le message au point de nous en éloigner.
C’est le fait de décrocher systématiquement lorsque j’avais l’intention de me plonger dans une écoute sans chercher à analyser les capacités du dac qui m’a mis la puce (de sur échantillonnage) à l’oreille. Je pense que, dans la très grande majorité des cas, ce procédé est une véritable petite saloperie pernicieuse. Le message est déconstruit puis reconstruit après lui avoir ajouté tout un tas de fréquences gérées par un algorithme de remplissage. Les machines qui font de la mesure, n’y voient que du feu vu qu’elles ne mesurent que des fréquences mais notre sens auditif bien plus subtil, n’en est pas dupe. Il suffit d’écouter des dac tels que le Nuforce DAC9 ou le Fostex HP-A8 permettant de désactiver le sur échantillonnage pour prendre conscience que malgré leur puces Delta Sigma, ces engins font de la musique et nous captivent. Ce n’est donc pas qu’un problème de puce de conversion ni de technologie de conversion utilisée.
Passons donc à la description de mon système de notation.
CONTACT
Revenons donc à cette notion de CONTACT. Je m’en suis aperçu progressivement en m’observant moi-même. Non pas en analysant l’écoute ou les appareils mais en prenant conscience petit à petit que lorsque j’écoutais certains dac, du meilleur marché au plus onéreux, je commençais au bout
d’une dizaine de minutes à me crisper, parfois je ressentais même une sorte d’angoisse. Je voulais rester là, confortablement installé pour une petite heure de plaisir et de bonheur mais très rapidement, entre la cinquième et la vingtième minute, je commençais à penser à autre chose, à ne
pas me sentir confortablement installé, j’avais des coups de fils à passer, du ménage à faire, une liste de courses et bien d’autres histoires plus pressantes à organiser. Pourtant, tout était là, du détail, une belle scène, le bas, le haut, le ceci et le cela, rien ne semblait manquer sauf que je voulais me barrer.
En constatant quels sont les dac que je situe au sommet de ma liste, l’on tombe malheureusement invariablement sur des engins issus de concepteurs à part. Ce sont moins les produits d’une marque que ceux du génie et de l’abnégation d’un professionnel jusqueboutiste. Bien souvent le fruit de plusieurs dizaines d’années d’évolution autour d’une même puce ou concept. Ces convertos ont une âme. Peut-être une parcelle de celle de leurs géniteurs ainsi que du caractère de ces derniers.
C’est avec le convertisseur Altmann Attraction que cette notion de contact est devenue évidente. Impossible de décortiquer le rendu, parcelle par parcelle. La musique était là et non seulement je comprenais l’intentionnalité des interprètes, je devenais moi-même musicien.
DÉTAIL
Je ne pense pas qu’il soit nécessaire que je m’étende sur cette notion. Je précise juste que plus l’on monte en gamme, d’avantage la notion de nuances prend le dessus sur le détail. Les excellents convertisseurs étant ceux qui ne proposent plus que du détail à outrance au détriment des nuances, ce qui est trop souvent le cas avec la grande majorité des dac et en particulier ceux à base de puces Delta Sigma sur échantillonnées comme s’il n’y avait pas un demain.
J’ai accordé à ce critère la moitié de l’importance de celle que représente pour moi la notion de CONTACT. Il faudra que vous en teniez compte dans le jugement final de chaque dac.
Note GLOBALE
Elle compte pour la moitié de la note totale. Elle se base sur mon appréciation d’ensemble d’un appareil. Rentrent en ligne de compte outre le rendu, la notion d’ergonomie, la facilité d’utilisation, la beauté esthétique, le caractère, la fiabilité ou la sensation qui s’en dégage ainsi que le plaisir d’écoute globale. Mon propre goût parfaitement subjectif compte par conséquent beaucoup dans la note. Un dac auquel je mets une note de 750 points, vaudra pour un autre 800 car comme expliqué, j’attache plus d’importance au rendu d’ensemble et à l’implication dans l’écoute qui est générée et à l’émotion qui s’en dégage plutôt qu’aux capacités d’un engin à exceller dans tel ou tel compartiment.
Voici donc les comptes rendus des convertisseurs testés. Ceux n’ayant pas atteint la note totale de 600 points n’y figurent pas. Et ils ont été nombreux. Le langage est direct et le fruit des émotions du moment. J’ai voulu éviter dans la mesure du possible une intellectualisation de la description avec les termes pro typiques et d’usage.
Je n’ai pas cherché à noyer le poisson. J’indique dès le début un mot ou plusieurs qui me viennent à l’esprit pour définir le dac en question. Vient ensuite la description globale puis la conclusion.
J’indique finalement la catégorie dans laquelle je place l’appareil testé : dac faisant de la MUSIQUE ou pas. Enormément de dac ne font pour moi que du son. J’indique ensuite s’il fait du son et le niveau de celui-ci. Un dac pourra donc faire du très bon son mais pas de musique. Et à l’inverse, un autre pourra faire de la musique et simplement du son plutôt que du très bon ou de l’excellent.
Il ne me reste plus qu’à espérer que mon plaisir soit partagé.